La Transfiguration du Seigneur Jésus : une histoire de beauté.

"Je m'étais égaré volontairement dans un rang de Saint-Férréol-les-Neiges. J'aperçus sur une butte, un monsieur en train de peindre. Je m'approchai et lui dis : "Vous permettez que je regarde." Il acquiesça de la tête. Il peignait à l'aquarelle, par petites touches, juxtaposant et superposant les couleurs. Sous son pinceau, une vieille grange flanquée d'un silo de bois se transfigurait en œuvre d'art. J'osai un compliment : "C'est tellement beau ce que vous faites. Je vous envie." Il répondit : "La beauté est là. Il suffit de la voir. Vous savez, beaucoup de gens regardent, mais très peu voient." Et il ajouta : "Le talent est important, mais on ne peut peindre la beauté que si déjà elle nous habite."

Aujourd'hui, nous sommes invités à découvrir la beauté non pas d'un paysage, mais d'une personne, le Christ. La beauté d'un être humain tout habité, tout transfiguré par l'être même de Dieu. Une beauté que nous ne pouvons percevoir qu'à condition d'être nous-mêmes touchés et habités par elle.

Je ne sais pas ce qu'est devenue l'aquarelle que j'ai vue naître. Sans doute, est-elle accrochée à un mur, petite fenêtre sur la beauté. Essayons donc d'en faire autant : être une petite fenêtre qui laisse entrevoir un peu de la beauté de Dieu."

Georges Madore,
Prions en Église, août 2006,
Ottawa, Éditions Novalis.